Pleine d’aventures et d’audace, la vie d’Ema Pradère est celle d’une artiste assoiffée par son amour d’art et d’inconnu. Médecin de formation, elle finit par tout laisser tomber pour se consacrer pleinement à sa passion. Irrésistiblement attirée par l’ailleurs et par les techniques traditionnelles des différentes régions du globe, elle fait le tour du monde pendant plusieurs années et s’enrichit d’expériences qui vont forger son caractère artistique. L’Inde, le Japon, La Sicile, L’Egypte, l’Iran, l’Ouzbékistan… Le monde devient sa source d’inspiration, le terreau fertile de son imagination, et sera dès lors son terrain de jeu.
Au cours de ses multiples errances, elle se plait à admirer les montagnes. Elles l’inspirent, leurs reliefs la fascinent, aigus, arides, piquants, impétueux. Ema Pradère entreprend une vertigineuse ascension dont le sommet le plus convoité est l’union avec la nature la plus sauvage. Dans ces séries de montagnes, elle peint les Aravis et le Mont Blanc. Les sommets ondulants semblent entreprendre une chorégraphie poétique. Un mouvement emprunt de sensibilité agite ces sommets immuables. Juste quelques pigments et la montagne se déploie, révélant sa force monumentale. Dans ce face à face, terrassé par cette monstruosité verticale, l’homme n’a d’autre choix que de se réfugier derrière son humilité. Dans ce territoire suspendu, hostile et silencieux, il n’est pas le bienvenu. Ainsi, les montagnes sont à la fois un appel à se transcender et un barrage, une barrière à tous ceux qui ne sauraient comprendre l’ambiguïté de leur immensité fragile.