Diplômée de cinéma et de lettres modernes, Agnès Sébyleau travaille longtemps comme Directrice Artistique au sein d’une agence de communication et commence sa pratique artistique du crochet en autodidacte. Son travail textile est venu sur le tard, comme une révélation. 

Quand on lui demande de nous partager ses inspirations, elle évoque l’exigence de Brancusi dont elle visite régulièrement l’atelier à Paris et Penone. L’art dit primitif est aussi une référence, dont elle admire la grâce et la force des stylisations, l’invention de la forme.
Son travail est d’ailleurs celui de la forme, qu’elle cherche à développer en jouant avec les vides, en creusant les ombres, pour faire passer des flux. Les sculptures réalisées au crochet sont souples, elles sont rarement figées et existent de différentes manières, on peut les manipuler et s’étonner de rendus inattendus. Elles ont un poids, un corps, elles sont dynamiques. Figures fantasmées, elles évoquent - le monde animal, végétal, minéral - sans préciser.
Agnès Sebyleau revendique l’utilisation de la matière végétale, le lin, le chanvre, et se refuse à utiliser de la laine. Elle aime l’aspect brut, sobre et irrégulier de la ficelle qu’elle crochète exclusivement au crochet n°4. Ce chiffre trouve une importance particulière dans son travail, c’est une véritable source de réflexion car il représente la symétrie humaine, c’est une évocation du vivant. 
La pratique du crochet ne l’intéresse pas en tant que tel, son point reste basique, son propos est de « fabriquer de la matière ». En doublant les mailles, la matière croit ; en sautant des mailles, elle décroit. Son geste créatif est intuitif, Agnès ne passe pas par l’étape du croquis et donne naissance à ses pièces de manière spontanée mais rigoureuse, à l’issue de longues heures de labeur. Chaque pièce a sa logique et suit le parcours du fil.


Née en 1961, Agnès Sebyleau vit et travaille en région parisienne. La galerie Armel Soyer est heureuse de la représenter pour la première fois en galerie avec une série d’oeuvres intitulée La Ligne.
La Ligne 
« La Ligne est constituée de diverses pièces bicolores en ficelles de lin grège et blanche crochetées. Toutes naissent de la même idée du double développement à partir d’une ligne qui se poursuit, mue par un jeu de divisions et de fusions. Toutes répondent au chiffre 4, qui est, pour moi, un écho à la structure animale, et à la symétrie humaine. Elles parlent d’échanges, de circulation, ce sont des réseaux composés de réunions et de séparations. Et si leurs réseaux s’arrêtent matériellement, ils se prolongent quelque part en ramifications invisibles et infinies.
La Ligne est une forêt dont on voit la partie enracinée comme la partie aérienne, une mangrove qui s’élève vers un haut limpide tout en se déployant en bas dans des eaux plus opaques »  

- Agnès Sébyleau